Spécimens sensibles s’inscrit dans la collection Récits d’objets, coédition de Cambourakis avec le Musée des Confluences. C’est un livre important pour moi, qui m’a permis d’aborder enfin de front le sujet qui m’occupe le plus, à savoir le spécisme – cet hyper-racisme sur lequel repose notre civilisation et dont les religions et Descartes ont posé les fondations.
La pièce que j’ai choisie dans les collections du musée, c’est ce canard empaillé très mis en scène.
Le livre fait un état des lieux de la taxidermie, pratique qui ces dernières décennies connaît un étonnant regain d’intérêt, notamment dans l’art contemporain. Ci-dessous, un taxidermiste en activité à Hénin-Beaumont.
Je raconte aussi l’histoire de sept canetons nés dans un bassin de rétention, à l’indifférence générale, et que j’ai essayé de sauver.
Le supermarché, la ville, les pompiers, les associations de défense des animaux n’ont rien fait, malgré mon insistance. C’était l’été 2022. Ironiquement, il y a quelques semaines est apparu, dans la ville coupable (que je ne cite pas dans le livre mais ici je peux bien le faire, il s’agit de Noyelles-sous-Lens) un panneau dont l’hypocrisie m’a laissée sans voix :
(Si vous lisez la dernière ligne, je tiens à vous détromper : non, Noyelles-sous-Lens ne se situe pas en région PACA, nous sommes bien dans les Hauts-de-France)
Car ces canetons sont nés à 300 mètres d’un l’étang, celui-là même où vivait autrefois mes regrettées Carrie et Ricah – ci-dessous maîtresses de chœur, en 2020.
Dans Spécimens sensibles, je questionne surtout les rapports d’homo sapiens aux autres espèces. J’évoque un problème majeur de notre époque, à savoir l’absence d’empathie – j’ai entendu à la radio qu’il y aurait bientôt des cours d’empathie à l’école. Comme si l’empathie était une valeur de type vive la république ou une ligne de conduite que l’on pourrait choisir d’activer ou pas.
Ce livre est un hommage à sept canetons et à un sanglier.