Aujourd’hui, mes jambes sont boursouflées par les morsures d’araignées. Je prends mon texte en cours et je le plie et je le casse pour voir si ça produit de la lumière. Il ne pleut pas au moment où je cours, on pourrait prendre ça pour une grâce accordée par le ciel mais j’aime courir sous la pluie, à la belle saison, et aujourd’hui je m’agace d’avoir trop chaud. Danny court avec moi, nous sommes des animaux d’habitudes. J’ai l’impression que nous nous connaissons bien, maintenant, et j’oublie presque que cet ami est un âne. J’écoute Jarboe blues, Jarboe metal, Jarboe expérimentale (Jarboe a grandi à la Nouvelle-Orléans, ses deux parents étaient des agents du FBI et elle a assisté, enfant, à des cérémonies religieuses incluant des manipulations de serpents), je la mets seulement sur pause le temps de traverser le terril du psychopathe – je veux garder mes sens en alerte. Je passe toute cette traversée à chercher des angles de fuite au cas où je serais confrontée à ce que j’imagine sous forme d’une silhouette massive, haute et carrée, hirsute, avec une hache ou un bidon d’essence à la main.
Je suis dans le mauvais film. Ma meilleure amie étudie les pandémies. Ce soir, en vidéo, elle nous expose diverses conclusions possibles. Je n’ai pas suivi les infos depuis plus de trois semaines maintenant et tout ce que j’apprends est de seconde main, parfois interprété par des cerveaux hyperactifs, de sorte que pour moi, désormais, le coronavirus est une création humaine échappée d’un labo P4 à Wuhan, où travaille le mari de l’ancienne ministre française de la santé. Je me demande si c’est une donnée largement répandue et considérée comme fiable et indiscutable ou si, à supposer que j’aie l’envie + la possibilité de me trouver en société, on me dirait conspirationniste. Ça m’est égal de toute façon.
Nous poursuivons notre jardinage, assistées par Dame Sam que l’on aperçoit ici en arrière-plan alors qu’elle va tasser le tas de déchets verts – qui sera bientôt plus haut que moi. J’ai un accès de mélancolie quand je vois ce nid d’oiseau abandonné, bardé de plastique. Je hais le plastique.
Nous travaillons beaucoup, aussi, chacune sur notre ordinateur, puis vient l’un de nos moments préférés : la promenade du soir. En sortant, je me sens privilégiée quand nous découvrons que la maison est la seule de la rue devant laquelle un coquelicot ait décidé de pousser. Quel honneur !
Ce gant est, je pense, le premier que nous ayons croisé au spot de lapins, où il rejoint l’équivalent de ce qu’un camion-poubelle plein aurait pu déverser sur la pente du terril – avant l’ère du tri sélectif puisque le verre et le papier s’y mêlent aux divers plastiques.
Là-haut, par chance, c’est très propre. Là-haut, ce n’est pas à cause des détritus qu’on ne voit plus tellement les lapins mais en raison de l’épanouissement des ombellifères et des orties blanches. Je suis en short, c’est vivifiant.
Vers l’ouest, la vue est particulièrement belle aujourd’hui.
L’annonce que nous n’avons pas écoutée soulève chez nous quelques réflexions douloureuses. Je crains le déconfinement autant que j’y aspire. J’ai hâte de revoir mes proches, de faire des virées sur Mon Bolide, de courir dans la nature, de me débarrasser enfin de ma maison lilloise (sept mois après la signature du compromis), etc., mais je ne veux pas être séparée de mon amour. J’ai pris l’habitude du luxe qu’est sa présence auprès de moi à chaque instant : comment y renoncer pour reprendre le fil discontinu de notre vie habituelle ? Je vais sans doute devoir la séquestrer.
Adieu jardin mellifère : ma voisine a demandé incidemment à mon amour quand nous avions l’intention de tondre la « pelouse », se disant dérangée par les aigrettes de pissenlits. Pour la première fois en 45 ans de carrière sur cette planète, je passe donc la tondeuse. Je vois les pâquerettes et les pissenlits disparaître, broyés sous le bruyant engin, et ça n’a aucun sens ; je vois fuir les abeilles, guêpes, bourdons et papillons, espère que je ne massacre pas trop d’insectes, pas trop d’escargots, de limaces et d’araignées en même temps que je décapite ces belles fleurs.
Nous décidons de conserver un espace de liberté à l’usage de toutes ces espèces, au fond du jardin, autour du figuier qui a vécu sept ans dans ma cour commune à Lille et qui s’épanouit aujourd’hui en pleine terre. Malgré tout, mon amour et moi sommes déprimées ; nous décidons de semer des graines de fleurs des champs avant la pluie pour racheter cette barbarie, rêvons de nous réveiller un matin pour trouver une prairie piquetée de couleurs et des insectes encore plus heureux bourdonnant à sa surface.
Que regarde mon amour, au retour de la jardinerie ?
Un oiseau.
Et, près de chez nous, il y a un zeppelin.
Moins aérien : en route, nous croisons un gant XXL. Plus grand que mon pied (pointure 39,5). Où est Oasis ?
De retour à la maison, nous jardinons jusqu’à ce que le croissant de lune devienne flou. Vous êtes acharnées, ce soir, commente ma voisine. Il est vrai que mon amour mériterait autant que moi la devise que mes amies m’ont attribuée, il y a bien longtemps : Toujours tout dans la mesure.
Par ailleurs, je suis inquiète. Dame Sam montre des signes de sénilité alors qu’elle doit vivre pour toujours et la poulette de Danny a disparu depuis une dizaine de jours – je ne suis pas sûre de vouloir savoir ce qu’elle est devenue.
Nous partons tôt de la maison, pour éviter les promeneurs du dimanche. Nous ne sommes pas venues au bord de la rivière depuis trois semaines et découvrons que la végétation est en train de tout manger, y compris l’escalier biscornu qui nous amène au bord de l’eau.
Nous surprenons un concerto de grenouilles – à moins qu’il ne s’agisse des fameux crapauds calamites qui peuplent en abondance les terrils – qui rivalise avec le conciliabule des oiseaux. Quand nous approchons de l’étang, tout le monde se tait, pas trace des batraciens, que l’on devine facétieux (je refuse de croire que nous puissions inspirer la méfiance).
Nous trouvons plusieurs cirques de poteaux dont le mystère n’est pas loin d’égaler celui des agroglyphes : was ist das ? Au fond, je n’ai pas envie de le savoir, je préfère laisser vagabonder mon imagination. Un marcheur nordique nous interpelle en pleine nature. Nous nous immobilisons comme des chats sur le qui-vive, pensant qu’il s’agit d’un policier (il est bleu marine) et j’aiguise mon regard le plus assassin. Un mètre de distance ! nous crie-t-il. (Nous nous tenons la main.) Non, je plaisante, ajoute-t-il. Je regrette de ne pas avoir fait semblant de rire quand l’idée me vient, qu’il pourrait nous dénoncer.
Le bonheur, qu’est-ce sinon marcher avec l’amour de sa vie sur un petit chemin au bord de la Souchez ? Un moment, j’oublie que la fin du confinement approche, qui verra ce trésor regagner sa vie parisienne ; je savoure le fallacieux mais exquis sentiment d’éternité qui ramollit les zones les plus sombres de mon âme et les transforme en pur miel.
Au bord de la véloroute quasi déserte, cette maison à laquelle je trouve un petit côté western.
Danny et moi faisons une démonstration pour mon amour : il court deux longueurs d’enclos, en agrémentant son trot de ruades facétieuses. Puis il est énervé alors il se tortille, court derrière sa queue, se mordille les mollets, avant de s’étendre un moment. Finalement, il se relève et reprend son activité principale : il mange sa pâture.
Mon amour comprend où je l’emmène dès que nous nous engageons dans la rue Pénible Debout – c’est une rue de Sallaumines qui nous amène à nous poser une question : qui écrit les panneaux de signalisation ?
En chemin, nous croisons ce vide qui ne demande qu’à être investi.
Nous poursuivons ainsi jusqu’au terril maudit, où mon amour cède à la curiosité : elle accepte que nous poursuivions notre exploration. En cherchant la masse blanche de la vue satellite, nous empruntons un chemin que nous ne connaissions pas, nous plions pour passer sous des branches, et soudain, je devine que nous sommes à quelques mètres du campement. Il est là, en contrebas, je reconnais la paroi rocheuse couverte de mousse au sud-ouest. Mon amour respire mal alors je descends la première. Puis je la regarde qui hésite là-haut, et elle me rejoint.
Nous examinons l’antre. Les outils ont disparu – marteau, massue, pince, etc. – de même que la gamelle du (supposé) chien. Il est parti, commente mon amour, je n’ai plus du tout peur. Jusqu’à ce que nous tombions littéralement sur un os et que la nausée la gagne. Ci-dessous, le campement vu de loin
et sa paroi rocheuse couverte de mousse, de fougères et de quelques détritus.
Quand nous quittons le site, nous sommes heureuses de trouver une prairie fleurie – il me semble qu’il s’agit de giroflée jaune, où sourit un coquelicot solitaire.
Mon amour est de retour sans enfants alors ce journal de confinement risque de ne plus être aussi régulier.
La musique du jour
La musique d’Isnaj Dui est une musique parfaite pour écrire – instrumentale, oui, mais aussi mystérieuse, inventive et bruissante de multiples textures (à base d’électronique, de flûte et de dulcimers maison). Je ne saurais quel titre choisir alors je décide que ce sera celui-ci, parce que c’est le premier que j’aie entendu d’elle, il y a des années maintenant.
Le gant du jour
a un aspect intéressant. Il n’est pas du même plastique que les autres. Il semble plus robuste : il les enterrera tous, dans quelques millions d’années.
Le vide du jour
est un vide de Pennsylvanie lensoise
Des vieilles photos que j’ai prises
en 2018 et 2019, par des jours orageux, à Wattignies, Villeneuve-d’Ascq et Seclin. Elles apportent un peu de fraîcheur en ce jour sans nuages.
Ce matin, les jambes du lycée passent très tôt, l’air est encore frais, Dame Sam et moi (qui n’avons, cette nuit encore, dormi que deux heures) chantons un vieux tube de Fleetwood Mac dans la cuisine en préparant un thé aux agrumes, Carol-Anne fait de nouvelles épines dont on peut apercevoir le vert tendre, à droite sur cette photo.
Parmi les bonnes surprises du jour, mon caviste a rouvert ses portes. Je m’en réjouis démesurément et m’aperçois qu’au fond, j’ai besoin de repères rassurants, moi aussi. Quelques mètres plus loin, en attendant mon tour devant le Petit Casino, je discute avec une vieille dame. Je porte un masque et je me tiens à cinq mètres d’elle. Drôle de vie, hein ? je lui dis. Elle me demande si je suis de Lens et je trouve à la fois amusant, étonnant et réjouissant de dire oui. Elle est d’Éleu-dit-Leauwette : C’est à côté, dit-elle, et je souris parce que Lens et Éleu partagent le même code postal. Par ailleurs, j’ai fait quatre années d’école primaire à Éleu. Je lui apprends l’existence du marché de la Grande Résidence, elle s’en réjouit alors moi aussi. Et parmi les bonnes surprises de mon jardin (dans lequel je passe mon tout premier printemps), il y a pas mal de muguet, un petit chat errant que je ne présente plus, une dizaine d’autres, et un arum.
Les salades que mon amour et moi avons plantées se développent à une vitesse folle. Pour rester dans la thématique du jardinage,
Le gant du jour
aperçu à proximité du terril maudit.
Le vide du jour
est quasiment une image touristique : celle de la très belle gare de Lens, dessinée par l’architecte Urbain Cassan et inaugurée en 1927. On voit bien, quand son parvis est dégagé, qu’elle est en forme de locomotive à vapeur ; à l’intérieur, des fresques en mosaïque d’Auguste Labouret représentent les mines. Lens n’est pas seulement une ville minière mais aussi une ville d’Art déco. Elle a de petits airs balnéaires par endroits, et à d’autres, on se croirait au Far West, puis on s’engage dans une rue de maisons en meulière et soudain on est en Pennsylvanie, et hop, voici d’immenses maisons à colombages. Magique. (La preuve en photos très bientôt.)
La musique du jour
est pour ce phénomène complexe et lumineux que j’appelle ici mon amour (alors que son nom même est une musique). Pour elle qu’il me semble connaître depuis avant le big bang et qui pourtant me surprend chaque jour. Pour elle qui est entrée dans ma vie avec son irrésistible déhanché, son « à vos risques et périls » et sans qui le monde aurait l’air d’un hall d’aéroport en temps de confinement. Pour elle, Valerie June chante ici Wanna Be On Your Mind – je le précise parce qu’un jour, alors qu’elle lisait ce blog sur son téléphone, mon amour a trouvé une vidéo d’un artiste que je n’aime pas, en lieu et place de celle que j’avais postée (elle me l’a montré, c’est vraiment très étonnant – si Polty se met aux nouvelles technologies, ma vie va devenir très compliquée).
In the darkest hours Of the brightest days I wanna be beside you Each step of the way
Wanna be on your mind Stay there all the time You can call my name
Pour une fois, je sors en fin d’après-midi.
Regarde l’âne, bébé, il court ! dit une mère à une poussette. J’en rajoute un peu, fais faire une deuxième longueur d’enclos à Danny. Eh ouais… Puis je lui lance une carotte de calibre idéal et un désinvolte Salut mon chou, à demain, et je reprends ma route en remettant mon casque sur mes oreilles.
If I could Baby, I’d give you my world Open up Everything’s waiting for you
De vieilles photos que j’ai prises
en 2016 et 2017 dans la métropole lilloise et qui se trouvent illustrer plutôt bien le reste de ma promenade.
Je ne l’ai jamais mentionné pour ne briser aucun cœur mais le Mini Marquette que je présentais ici n’est plus. Ce soir, devant les maisons mitoyennes toujours en travaux, des balançoires, un trampoline (sur rue, donc) et une vingtaine de personnes, canette à la main, devisant joyeusement ou, pour les plus jeunes et les plus canines d’entre elles, se poursuivant en courant joyeusement. N’étaient les parpaings, tout cela me rappelerait le camping.
Un peu plus loin, dans l’une des rues dont je proposais l’autre jour, bien malgré moi, une vision rétro californienne, deux amis boivent une bière sur les marches d’un hangar. Deux hommes qui passent par là s’arrêtent, le temps de faire avec eux des checks compliqués, non pas avec les coudes, bro, mais avec les mains (sans gants). En apnée sur le trottoir d’en face, je reste cachée derrière mes lunettes de soleil.
Le détritus du jour
est la rubrique Le détritus du jour. Assez de détritus. Si certains trottoirs de Lens ne sont pas bientôt nettoyés, c’est la peste qui va faire son retour… Bientôt, je dédierai une page (et non un simple billet) à la flore plastique du terril maudit.
Je n’ai pas grand chose à raconter de ce confinement solitaire puisque je ne fais guère qu’y écrire : je ne vais tout de même pas mettre mon texte en ligne – j’ai atteint cet après-midi la page 55 (je l’ai commencé il y a deux ou trois semaines – je perds le fil). Je vais juste copier-coller ici un extrait du mail que j’ai envoyé à ma mère tout à l’heure : « J’ai fait beaucoup de modifications, fractionné des chapitres que j’ai redistribués aux endroits où ils me semblaient plus pertinents (ma dernière page se retrouve dans le premier quart et le noeud du texte en page 40 – sans doute trop loin). Bref, ce montage n’est peut-être pas définitif. » Tels seraient été les événements majeurs de ma journée si je n’allais courir. Je vais courir, en fin d’après-midi, moi qui d’ordinaire ne tiens pas si longtemps sans sortir.
Outre que je peux ainsi éprouver
Le vide du jour
et croiser
Le gant [incluant le détritus] du jour
aka le gant-poubelle – astucieux : compacte ton paquet de John Player Special vide dans ton gant usagé !
Je retourne sur le terril du psychopathe. Je traverse tout le plateau d’ouest en est, si tenaillée par la peur que je respire par les oreilles. Je fouille la végétation du côté de la tache blanche, en vain. J’entends des aboiements, qui pourraient venir de n’importe où, le vent étant délicieusement fou aujourd’hui, et je décampe. Je descends par le segment le plus proche, qui est aussi le plus rassurant, et là, que vois-je ?
Non, ça c’est à l’ouest du terril. Le petit scooter qui gisait sur le flanc depuis des jours est de nouveau sur ses roues mais ce n’est pas ce dont je veux parler. Revenons à l’est. Je suis en train de m’enfuir par l’est. Et je me trouve face à un lièvre – le premier que j’aie jamais vu là-bas, grand, majestueux, les oreilles élégamment bicolores à l’intérieur. Qui ne s’enfuit pas quand je l’approche. J’arrête de courir (vérifie par-dessus mon épaule que le psycho n’est pas à mes trousses) et approche lentement. Il regarde le parking du carrossier, à gauche, comme s’il se demandait quelle caisse il allait braquer. Puis il se tourne de l’autre côté. C’est un très beau lièvre dur de la feuille, qui me regarde, interloqué, quand j’arrive à une vingtaine de mètres de lui. Il plonge alors dans les fourrés, dépliant ses longues pattes de dandy.
Cette vision suffirait à me rendre euphorique mais un moment de gloire tout aussi inopiné m’attend devant chez Danny. Quand j’arrive, une dame et sa fillette le regardent. Ça me met de mauvaise humeur : elles se croient où ? au zoo ? Il leur tourne le dos et broute avec indifférence. Je me poste une dizaine de mètres plus loin et lance avec désinvolture, Salut mon beau, ça roule ? Alors il se tourne vers moi et me rejoint d’un petit trot joyeux. C’est mon Danny chéri – si beau, si malicieux, si charismatique.
Aujourd’hui, mon Antique me dit avec un soupçon de désespoir que je suis devenue très sauvage. C’était déjà le cas depuis longtemps, le confinement ne fait que planter le dernier clou au cercueil de ma vie sociale.
Bientôt, j’imiterai cet habitant de La Madeleine en remplaçant « mon chien » par « mon chat, mon âne, mon oie (I miss you Carrie <3 <3 <3), mes lapins, mes lièvres, mes canards, mes poules d’eau, mes foulques, mes cygnes, mes… » Ce serait trop long et j’aurais peur d’oublier quelqu’un. Et puis il y a quand même quelques êtres humains que je serrerais bien dans mes bras, là, tout de suite, même si Dame Sam y est aussi très bien.
La musique du jour
Il y a quatre jours paraissait le magnifique Illusory, nouvel album de Jarboe (Jarboe La Salle Devereaux, ancien membre des Swans). Pour aborder l’œuvre très riche de la légendaire vocaliste, on peut écouter ceux de ses titres qu’elle a sélectionnés et commentés pour le site du magazine anglais Wire. C’est ici.
(Photo d’Irina Rozovskye.)
Un extrait de son dernier album que j’aime particulièrement : Arrival (j’ai, une fois de plus, eu beaucoup de mal à choisir un titre – tout est si beau, surprenant, chargé d’atmosphère…)
De vieilles photos que j’ai prises
entre 2017 et 2018, à Loos, Lesquin et Lille Sud. Oui, j’ai oublié cette rubrique hier, je suis un peu distraite, ces temps-ci. Pour me faire pardonner, une sélection d’anciens Où est caddie ?
Dans le jardin, la symphonie des oiseaux, le sac et le ressac du vent dans les feuillages ; aucun son d’origine humaine n’y parvient ce matin. À travers la végétation de plus en plus dense, j’aperçois le couple orbital et souris, puis je me tourne de nouveau vers mon écran.
Mon nouveau texte a triplé de volume en quelques jours ; je vis dedans, depuis que je suis confinée avec la seule – l’exquise – Dame Sam – qui lit constamment, non pas par-dessus mon épaule mais par-dessus le rebord du bureau. Cette nuit, j’ai rallumé la lumière pour prendre des notes dans le carnet qui ne quitte pas ma table de chevet. Dame Sam était de mauvaise humeur. Et, dès le réveil, je m’y suis replongée. Dame Sam avait hâte d’en découdre avec notre sujet du moment. Puisse ce texte continuer de nous porter jusqu’au 11 mai, où nous parcourrons 173 km sur Mon Bolide – Dame Sam dans un panier que je fixerai au guidon – en entonnant des chansons cajuns.
Deux vides aujourd’hui
celui de la cité 13 à Sallaumines
et celui de la cité 12/14 à Lens. 3,67 km séparent, à vol d’oiseau, les deux points d’où j’ai pris ces photos. L’organisation spatiale des mines est très particulière, difficile à comprendre et bien plus encore à mémoriser. Je m’y entraîne. Je lis des PDF et des PDF de documentation, des centaines de pages, pour ne pas écrire de bêtises dans mon texte en cours. Ce n’est pas gagné…
Trois vues de la cité du 12/14 datant d’il y a un an, trouvées en street view sur Google Maps, dont une depuis le point où a été prise la photo ci-dessus. Je les ai découvertes, sans doute in extremis, avant que le site ne mette à jour ses vues immersives.
Le gant du jour
quant à lui, nous vient de la métropole lilloise et nous est proposé par mon Antique. On reconnaît bien mon ancien territoire à cette douille de protoxyde d’azote – on en trouve très peu dans le bassin minier.
Ici, nous aimons les plaisirs simples, tels qu’illustrés par
Le (tas de) détritus du jour
qui gît à Sallaumines. Je l’appelle le tombeau des canettes.
Cet après-midi, je cours avec Danny, le récompense pour son effort de la plus petite carotte que j’aie trouvée au supermarché (et que j’ai choisie spécialement pour lui), et cette fois il la mange comme un Tic-Tac. Je lui promets que je finirai par trouver son format idéal. Avant de filer, je lui dis que je vais faire un tour sur le terril maudit et que je reviens ensuite. J’aimerais bien que tu viennes avec moi, je lui dis, pour ruer sur le psychopathe s’il s’en prend à moi. Cette idée le fait rire et il se met à tourner sur lui-même, à lancer la tête en arrière, il est à deux doigts de braire. Je suis un peu vexée.
Dès lors que je monte sur le terril maudit, je suis desséchée par la peur. Je respire avec difficulté. Je mise sur mon hyperacousie pour me signaler l’éventuelle approche d’un monstre et escalade les monticules derrière le cimetière. Pas de masse blanche en vue et impossible d’avancer de ce côté puisque je suis confrontée à ceci
soit un amas confus parfaitement impraticable. Je n’aurai d’autre choix que de passer par le campement pour trouver le mystérieux objet, mais ce sera pour une autre fois. Pour l’instant, je détale sur mes jambes flageolantes. J’explore les abords du site à l’ouest et, au passage, découvre cet arbre. La photo est pour mon amie O., même si cet arbre doit lui sembler un petit joueur…
Quand je repasse devant l’enclos de Danny, j’y découvre son geôlier ; c’est un monsieur à grosse moustache, l’air bourru, et il caresse brièvement le front de mon ami. Danny a l’air content, c’est sans doute le syndrome de Stockholm.
La musique du jour
Pour danser sur votre balcon avec votre âne, votre chat ou votre lapin, je trouve ça pas mal du tout.