lobsters

Dimanche tranquille à Londres, hier ; nous avons passé l’après-midi au siège d’un label, où nous avons beaucoup dansé, emballé des choses et bu du thé. La veille, nous avions fêté Noël au siège d’un autre label, avec quelques amis (les Vanishing Twin, Yoshino, Marie, quasi toute la bande) jusqu’à quatre heures du matin.

Je ne sais plus sur quelle chanson Sarah dansait quand j’ai pris la photo ci-dessous

mais ici, je suis sûre que Valentina dansait sur Boys Don’t Cry.

Ces formidables musiciens et adorables sapiens sont les membres d’un groupe de Valentina dont j’ai beaucoup aimé le premier album (c’est l’un de ses groupes que je préfère) mais peut-être encore plus le suivant, à paraître l’année prochaine – c’est dans cette perspective qu’avait lieu hier cette séance de photos très amusante. C’était l’occasion rêvée, Sarah étant venue de New York spécialement pour que le groupe puisse jouer (ce soir) au Café Oto dans le cadre de la résidence (sold out) de Valentina.

J’ai pris plein de vidéos très réjouissantes, où l’on perçoit la véritable nature de mon amoureuse. Voici la vidéo rock lobsters :

Petit souvenir du formidable concert de Vanishing Twin au Rio Cinéma, samedi soir ; aussi incroyable que ça puisse paraître, c’était la première fois que je voyais sur scène ce groupe qui emmène si souvent ma chérie sur les routes des États-Unis. Voici Susumu, Valentina, Cathy et Arthur <3

l’arbre de Noël de Valentina,

c’est la semaine prochaine au Café Oto.

Il y aura plein de gens qu’on aime, venus de partout, de Porto, New York et même Nantes puisque ma chère Vertébrale Aude sera de la fête, il y aura des concerts, des DJ sets et même une lecture de poésie – nous allons, Valentina et moi, rejouer Permanent Draft et ce sera forcément très différent de ce que nous avons fait à Ravenne.

Je me réjouis aussi de rencontrer enfin Dali de Saint Paul, extraordinaire musicienne française établie à Bristol depuis 2011, avec qui je corresponds depuis quelques mois – nous échangeons, entre autre, des disques contre des livres. On trouve un bel échantillon de son univers ici – écoutez A Cephalopod de Viridian Ensemble, l’un de mes préférés, vous n’entendrez plus jamais le mot tentacule de la même manière. Je vous reparlerai bientôt de Dali dans le cadre très pro quoiqu’aussi très punk de notre label.

Pour finir ce billet, avant de filer à Londres pour huit jours, voici une photo de Valentina et moi prise à Ravenne et que j’aime bien. © Festival Transmissions.

rien de nouveau

dans la brume mais je ne m’en lasse pas. C’est pourquoi je vais courir même quand il fait 1° et que j’ai un rhume assez remarquable pour que ma voisine ait cru, hier, quand elle m’a appelée, que j’étais en train de pleurer. Je n’avais juste plus de nez. Mais il me reste mes yeux pour admirer les vues ci-dessous et mes oreilles pour goûter le bruit blanc granuleux de la brume, le délicat atterrissage des canards à la surface du canal et le frémissement des arbres s’égouttant de la nébulosité accrochée à leurs branches.

Permanent Draft à Ravenne

Valentina jouait deux fois samedi soir, d’abord avec moi puis avec Marta Salogni, Miriam Adefris et Sam Shepherd (aka Floating Points). On les voit ici finir leurs balances.

Puis nous avons fait les nôtres et nous avons recruté un membre de l’organisation pour nous assister à la projection des images depuis mon ordinateur.

Nous avons fait appel à Francesca Morello aka R.Y.F. (c’était amusant parce que son nom signifie l’inverse du mien – elle est du côté sombre et moi du côté clair, étymologiquement mais aussi dans notre travail). Nous étions donc un plateau 100% queer.

La salle était comble quand nous avons commencé, juste après notre camarade Francesco Fonassi.

J’ai trouvé des photos de notre performance sur Instagram :

(photo d’Enrico Martinelli)

Et celle-ci a été prise depuis les coulisses par notre pote Erland Cooper. Nous apparaissons derrière le couvercle du piano à queue sur lequel jouerait ensuite Sam.

J’entrais sur scène après un morceau de Valentina et me positionnais devant mon pupitre ; j’avais préparé un MP3 avec des voix automatiques et je mimais les directives comme les hôtesses de l’air les consignes d’avant décollage – d’ailleurs la première image a été prise par Valentina depuis un avion. Ensuite je commençais ma lecture avec 13 kg de trac dans le ventre mais on me dit que ça ne s’est pas remarqué. Ben ça… Puis quelque chose s’est relâché en moi et je me suis amusée, c’était formidable de jouer avec une improvisatrice telle que Valentina. J’avais préparé d’autres MP3, notamment un enregistrement où l’on m’entend fredonner en faisant la vaisselle – une mélodie indistincte, improvisée, très fausse, sur laquelle je chante un poème qui est un collage de rhétorique conservatrice anglaise puisée dans des discours de Thatcher, Johnson, etc. et de la chanson guimauve Unbreak my Heart de Toni Braxton. Il était important pour nous d’avoir un poème à base de collage dans le manifeste parce que c’est une ligne que nous avons envie de creuser. Valentina, en plus d’être la plus incroyable percussionniste et batteuse du monde, de l’univers et des métavers, de jouer du piano, de la guitare et de la basse, est aussi une artiste visuelle (certaines pochettes de disques sont d’elle, comme celle-ci, que j’aime beaucoup) et le collage fait partie de ses pratiques préférées.

Ravenna

Nous sommes arrivées à Ravenne jeudi soir après un long voyage – treize heures de train + avion en ce qui me concerne. Nous avons déposé nos affaires à l’hôtel et filé au théâtre tout proche pour assister aux excellents concerts de Silvia Tarozzi puis de Lucrecia Dalt avec son super (et très sympathique) percussionniste Alex – tout le monde est sympathique ici, particulièrement les artistes sur les photos ci-dessous, Marta, Erland, Sam, Miriam, Francesco et les autres.

J’ai toujours dit que les tote bags étaient la fin de la civilisation – des contenants fabriqués censément à des fins écologiques mais qui sont devenus des objets de collection, l’aberration suprême étant pour moi les opérations de green washing où l’on distribue aux citoyens des milliers de sacs Développement durable fabriqués en Chine – mais celui-ci, my God, c’est le tote de ma vie…

J’ai pris cette photo dans notre chambre. Nous sommes tou.te.s hébergé.e.s dans un vieil hôtel au calme inégalable, très chic : il a même une salle de gym, des vélos gratuits et une église, entre l’ascenseur et la salle du petit déjeuner. Elle n’est pas très fréquentée.

Le matin, ici comme ailleurs, je me lève tôt pour aller courir avant de réveiller mon amoureuse pour le petit déjeuner.

Ravenne n’est pas seulement la ville de Dante et de la mosaïque,

il y aussi une forêt humide, que j’espère visiter demain avant qu’on ne reparte à l’aéroport, et un canal, Canal Corsini, qui traverse une immense zone industrielle. Les mosaïques et Dante étant déjà très documentés, je propose de vous faire visiter les abords du canal. On quitte le centre de Ravenne par un pont vitré surplombant les voies de la gare.

On ne se pose pas trop de questions, au début. On se dit que ça peut arriver, des street artists assez habiles et organisé.e.s pour peindre des fresques sur des bâtiments aussi surveillés que ceux des ZI.

Ce hangar en dentelle de bois intrigue quand même un peu.

L’atmosphère est quelque peu menaçante.

On regarde la ZI qui somnole en face, très calme y compris pour un samedi, et même si la splendeur de la ville tient en partie à sa décadence, on se dit que la décadence a quelque chose d’un peu plus inquiétant appliquée à une ZI qu’à un palazzo.

On traverse le canal pour aller voir ces infrastructures de plus près ;

depuis ce pont, on peut apercevoir une partie visiblement plus animée de la ZI, avec notamment des volutes de fumée qui vont se fondre dans les nuages.

Puis on comprend :

C’est une ZI désaffectée.

(Pour une raison qui m’échappe, Mickey s’y plaît bien.)

Certaines visions sont fascinantes, post-apocalyptiques,

d’autres presque mélancoliques.

Depuis l’autre rive, je n’avais pas perçu tout cela.

Après avoir sillonné un quartier que j’appelle en mon for intérieur le Villeneuve-d’Ascq de Ravenne, j’ai gagné un grand parc où je me suis fait des potes canards, oies, poules d’eau mais aussi ragondins.

Hier soir, nous avons écouté le formidable concert de Kali Malone. Ce soir, entre 22 et 23h, je vais lire mes poèmes en anglais, en duo avec Valentina. Nous avons une heure cet après-midi pour répéter, essayer des choses, des combinaisons de batterie, de backing tracks qu’elle a préparées et de field recordings que j’ai enregistrés chez moi. J’espère qu’à l’issue de cette performance, mon nom ne sera pas rayé des tote bags.

REVU

Vous pouvez maintenant précommander ici le numéro 10 de la revue REVU. J’ai eu la chance d’y participer avec un texte sur les arrière-mondes – le thème est L’autre paysage. Merci à toute l’équipe de m’accueillir dans ses pages et particulièrement à Valérie Fortune pour l’invitation.

Différent trains

Demain, Valentina et moi nous rendons au Transmissions Festival. Pour rejoindre mon amoureuse à Rome, je vais prendre deux trains, un avion et encore un train ; puis, ensemble, nous prendrons trois autres trains jusqu’à Ravenne. Soit un peu plus que mes quatre trains et un taxi d’hier pour rentrer de Regnéville avec un crochet par la Maison de la Radio et un direct sur France Culture avec Wendy.

J’aurai un peu le tournis après tout ça et sans doute envie de courir pour évacuer les toxines du voyage. Ensuite, je commencerai à avoir un sérieux trac de jouer dans un festival où je serai strictement la seule à ne pas être une superstar de la scène expérimentale et la seule à ne pas avoir l’habitude des grandes jauges – si un public de 650 personnes n’est rien pour ces formidables performeur.se.s, pour moi c’est proprement vertigineux (et dire que je vais lire en anglais…)

En attendant, notre amie Laila Sakini a inclus dans sa dernière émission sur Noods Radio les deux courts morceaux de notre 45 tours Permanent Draft. On peut voir la playlist entière et, mieux, l’écouter, ici. Merci Laila <3

Vertébrale(s) à Regnéville

C’était nous, cette fois, Florentine, Aude, nos trois invitées du week-end et moi.

(de gauche à droite, auprès de moi, Florentine Rey, Amélie Deschamsps, Sophie Quénon, Aude Rabillon et Coline Pierré)

Sur la photo ci-dessus, on voit nos invitées, Sophie, Coline et Amélie, faire leurs devoirs sur les thèmes « la texture peut-elle être une forme à part entière ? », « tu appelles souvent maman ? » et « quelle place pour les surgissements ? », questions qu’elles ont choisies dans le questionnaire vertébral (plus tard, ce sera une carte – on voit un aperçu du brouillon dans mon billet d’hier), qui en comporte près de 200. Elles synthétisaient là, chacune à sa manière, des discussions de plusieurs heures que nous avions eues la veille, en deuxième partie de journée (sur trois).

Hier après-midi, le premier moment partagé avec un public (restreint, choisi, essentiellement composé de poètes) nous a en revanche totalement échappé. J’y reviendrai. Aujourd’hui, nos invitées nous quittent et nous allons avancer à trois, l’ordre du jour est très chargé.