L’Évaporée

Éditions Cambourakis, 17 août 2022

Quatrième de couverture :

« Qu’est-ce qui peut bien faire qu’une femme soudain abandonne celle à qui elle vient de dire, Quels merveilleux moments j’ai passés auprès de toi, aujourd’hui encore : je veux ça tous les jours de la vie ? » Tel est le questionnement auquel est confrontée Jenny après le départ d’Ève. Toutes deux apprendront qu’« on peut vivre une même histoire de deux façons totalement différentes ». Livrant en alternance les points de vue des deux femmes, Fanny Chiarello et Wendy Delorme interrogent de manière sensible et incarnée la possibilité d’une relation durable, la compatibilité de modes de vie a priori opposés, la nécessité d’affronter les fantômes du passé afin de rendre le présent possible, tandis que s’ébauche en contrepoint une subtile réflexion sur les pouvoirs et les limites de la création littéraire. »

Photographie de couverture : Bérangère Fromont

L’Évaporée est ma première expérience de l’écriture à quatre mains et je ne remercierai jamais assez Wendy de m’y avoir suivie.

(ici, en septembre 2022, nous présentons L’Évaporée à la librairie La Régulière, à Paris, en présence de la chatte Rita ; merci à Jagna Ciuchta pour la photo)

Voici un extrait de ce que j’en dis dans la postface :

« Aller à la rencontre d’une autrice dont l’univers et l’écriture sont si éloignés des miens se révèle une autre forme de mouvement. Il s’agit de concilier les références littéraires et féministes de Wendy avec mes références musicales et cinématographiques ; sa temporalité longue, qui va enquêter sur le passé des personnages et le contexte de leur développement, avec mon ici et maintenant contemplatif ; son besoin d’exactitude et de cohérence avec mon goût pour les ellipses et les zones d’ombre ; sa métrique en alexandrins avec mes nombres premiers ; les manières si différentes dont s’exprime notre commun penchant pour les symboles, les allégories, les correspondances.

Wendy a besoin de connaître le milieu social de Jenny, j’ai besoin de savoir comment la lumière joue dans la cuisine d’Ève. Nous nous accordons ces éléments – nous nous accordons pour que notre texte soit un duo contrasté mais harmonieux. Nous pesons, ajustons, déplaçons. Parfois, entre deux longs mails questionnant nos choix narratifs, nous constatons avec perplexité les échos que notre fiction trouvent dans nos vies respectives et même entre nous. Ainsi, quand l’éditeur de ma chanson de geste m’envoie la photo d’une table de librairie sur laquelle ladite Geste permanente de Gentil-Coeur côtoie Viendra le temps du feu, les hendécasyllabes de l’un juxtaposés aux alexandrins de l’autre. Comme nos personnages, Wendy et moi sommes attentives aux signes et ils viennent confirmer l’évidence de cette collaboration. »

J’ai contacté Wendy parce que je sombrais au point que je n’arrivais plus à écrire, suite à la disparition de Dame Sam, la chatte qui a partagé 17 ans de ma vie, et à la défection quasi simultanée d’une femme que j’appelais ma fiancée, double perte vécue en plein confinement, alors que toutes mes amies se trouvaient à plus de dix kilomètres et n’avaient pas le droit de voler à mon secours (ce qui ne les a pas empêchées de le faire) – un contexte psychologique et sanitaire que Wendy et moi avons choisi d’exclure du roman, de même que nous avons décidé très spontanément que Wendy n’avait pas à connaître mon histoire avec celle qui m’avait abandonnée : l’idée, c’était précisément qu’elle invente une autre femme, la substitue à celle de mon histoire personnelle et m’en libère par la grâce de la fiction. Ce qui a fonctionné au-delà de mes espérances.

Ci-dessus, le chemin où Jenny se réfugie (ancien cavalier minier où elle rencontre la femme au grand chien blanc, à savoir la véloroute du bassin minier, section d’Avion à Hénin-Beaumont) et où j’ai ficelé ce micro poème quelques semaines avant de contacter Wendy pour lui proposer l’aventure de L’Évaporée.

J’évoque aussi, dans la postface, l’activité qui m’a aidée à surmonter ces quelques mois parmi les plus sombres de ma vie – si sombres à vrai dire que j’en garde un souvenir ébloui, ébloui par mon instinct de survie, mes ressources apparemment inépuisables dans les moments où rien ne semble plus possible et par toute la beauté que j’en ai tirée : ce roman à quatre mains bien sûr mais aussi des amitiés précieuses, des musiques comme des grigris (notamment Ignorance de The Weather Station, Reward de Cate Le Bon, Jenny Hval comme toujours avec Lost Girls et son Menneskekollektivet, et quelques chansons telles que le Sad Cowboy de Goat Girl, pour ne citer que quelques noms). Et donc, mes Nouveaux Processus Réversibles, dont on peut consulter l’intégralité ici, mais dont je citerai surtout deux extraits, l’un, NPR 2 des Ventricules pas mieux parce qu’il explicite le principe des NPR et l’autre parce qu’il fait allusion à la femme au grand chien blanc qui, dans le roman, est donc devenue Del. Enfin, deux images du NPR 4 du mutisme : un triptyque, dont j’ai intégré le texte à mon premier chapitre :

Dans le premier chapitre, je relate une promenade à vélo dans la brume ; je la décrivais ici sur ce blog et y évoquais même la proposition que j’avais faite à une autrice mystère, d’écrire avec moi. Voici à quoi ressemblait le monde que je traversais en tâchant de ne pas perdre mes ongles :

Pour finir, 7 musiques évoquées dans le texte :

Annette Peacock, Too Much In The Sky

Mourning [A] Blkstar, Sense Of An Ending

Zara McFarlane, In Between Worlds

Fred Astaire, Drum Crazy (extrait de la comédie musicale Easter Parade)

Sonic Youth, Shoot

The Weather Station, Wear

Christine Ott, Burning