Un atelier

Cette année, je fais écrire des collégiens de Roubaix ; la première séance a eu lieu hier et il ne s’agissait pas (comme le dit le post Instagram ci-dessous) de faire écrire des « paysages états d’âme » mais il se trouve que les élèves avaient travaillé à partir de cette consigne deux jours plus tôt avec leur professeure, de sorte que j’ai eu la surprise de découvrir plusieurs textes débutant par « Demain, dès l’aube » alors même que je leur avais demandé d’écrire à partir d’extraits musicaux que j’ai diffusés, tous aussi éloignés que possible de Victor Hugo.

Une élève a fait remarquer à l’un de ses camarades qu’il y avait trop de répétitions dans le texte qu’il venait de nous lire. Je lui ai répondu qu’au contraire, la répétition créait une prosodie très intéressante. « Mais quand on fait des répétitions, les profs les soulignent, a protesté la jeune fille. Vous allez me perdre, Madame ». J’ai d’abord beaucoup ri mais ensuite j’ai mesuré la difficulté de faire sentir les subtilités de la répétition poétique à des jeunes gens qui ne lisent pas (et encore moins de la poésie, et encore moins de la poésie contemporaine) alors même que de nombreux essais très sérieux traitent du sujet sans épuiser la question. Les limites d’un atelier d’écriture se manifestent dans ce genre de moment : la poésie écrite par des non-lecteurs ne peut être que ludique, basée sur des trucs et des gimmicks à imiter, mais on est frustré de la voir ainsi réduite à un gadget, un dispositif à générer du texte sans que le fond soit forcément très consistant et sans que l’élève ait exprimé quelque chose qui lui tient vraiment à cœur. Je suis en pleine réflexion sur la manière de procéder à l’avenir, l’année me réservant encore quelques ateliers avec des jeunes gens.

Eulalie hors série

On y trouve ce mois-ci un double portrait d’Emmanuelle Polle et moi-même, à l’occasion de notre résidence croisée entre les Hauts-de-France (AR2L) et la Normandie (Normandie Livre et Lecture), ainsi que notre texte à quatre mains, Cette sacrée rotondité. Vous pouvez le lire ici, pages 14 à 17.

Creil

C’est samedi prochain à 15h30, je vais passer ma journée sur les rails parce qu’il y a un changement à Paris (wtf) alors vous avez intérêt à venir nombreux et nombreuses et avec des cadeaux (vegan svp).

ISTC

Encore merci à Piero Turchi pour son invitation. Ci-dessous, je suis avec lui et avec Dominique Brisson, mon éditrice (Cours Toujours). Merci aux participants d’être venus si nombreux et si chaleureux. Merci particulièrement à mes chères et chers Aline, Claire, Olivia, Lucien, Luc et Lulu pour l’after ; je n’avais pas autant ri depuis très, très longtemps. <3 Je garde le Watten travesti show en amulette pour les jours sombres.

Et voici la dernière photo ever de mon bras gauche sans défense. Ce matin, ma super tatoueuse AJ l’a barbelé de ronces.

(Photos ISTC.)

Terrils tout pleins de clarté

Merci infiniment à Lucien Suel pour cette belle chronique publiée sur son blog Silo, dont voici un aperçu.

Je le remercie aussi de m’avoir offert son très beau livre avec le photographe Patrick Devresse, Les terrils, ombre et clarté, et de m’avoir envoyé son poème Tout partout. Un court extrait que j’aime tout particulièrement – mais qui prend toute sa force en contexte, évidemment (je n’aime pas trop les citations – j’y reviendrai bientôt) :

« tout autour de l’autocar c’est la vie
tout partout autour ici et maintenant
ailleurs et toujours c’est tout plein
de tout tout le temps et tout partout »

Les échos entre Terrils, ombre et clarté et Terrils tout partout sont confondants – il y est question des trous qui amènent des tas mais aussi de « sportifs écologistes bruyants » et fluorescents, d’aménagements de type parcs d’attraction et même d’accents circonflexes. Je me prends à rêver d’une lecture croisée, ici ou là. Si vous organisez ce genre de choses, parlons-en…

Chère Madame la factrice,

Voici un mois aujourd’hui que je vous ai envoyé une lettre de douze pages et je m’étonne de n’avoir reçu aucune forme de réponse. Comme je n’ai pas eu l’occasion de vous croiser depuis le 4 novembre, j’ignore si vous êtes toujours disposée à me dire bonjour ou si vous préfèrerez désormais détourner la tête à mon approche. Peut-être avez-vous trouvé déplacé qu’une inconnue vous adresse des réflexions mélancoliques sur le devenir de la civilisation et insinue en prime que vous pourriez accepter une Suze offerte par un habitant de votre secteur ; je le comprendrais.

Au cas où vous viendriez de temps en temps jeter un oeil ici pour voir ce que c’est que ce drôle d’oiseau qui vous a écrit, voici quelques éclaircissements. Cette lettre est ce que j’appelle une leçon de ténèbres (en référence au genre musical liturgique du XVIIᵉ siècle), la deuxième du recueil 13 leçons de ténèbres que je destine à un éditeur de poésie dont je préfère taire le nom tant qu’il ne m’a dit ni oui ni non. Si elle avait été la première du recueil, cette lettre aurait compté treize pages ; la troisième, onze pages, etc. Vous voici édifiée quant à la finalité de cette Lettre à une factrice (puisque tel est son titre) ; le reste, vous l’avez lu (du moins je le suppose – nous savons, sans vouloir vous offenser, que l’acheminement postal n’est pas pas à l’abri de certains aléas).

Par ailleurs, cette lettre pourrait bien devenir la première pierre d’une tradition (au même titre que la leçon de ténèbres et une tradition musicale), tradition que je pourrais initier en suggérant à tou(te)s mes ami(e)s auteurs et autrices de vous écrire à leur tour une lettre et d’inviter leurs propres ami(e)s littéraires à en faire autant. La révélation m’en est venue il y a deux ou trois semaines, quand je me suis rappelé un disque d’Elvis Costello avec le Brodsky Quartet, The Juliet Letters, un album qui fêtera bientôt ses trente ans qui aurait été inspiré par un professeur de Vérone spécialisé dans l’oeuvre de Shakespeare et réputé répondre aux lettres adressées d’un peu partout dans le monde à Juliette Capulet. J’ai failli tomber en courant, le jour de la révélation, tant m’a réjouie l’idée que vous receviez des dizaines de lettres d’écrivain(e)s, adressées à Madame la factrice, rue du Cher 62… etc. Je vous si imaginée dans un reportage de France 3 Région, désignant des piles de lettres sur une table de salle à manger : « Regardez, diriez-vous avec une légère fêlure dans la voix. J’en ai compté 173. Ça ne peut plus durer. »

J’espère que vous avez apprécié les beaux timbres.

Résidence croisée

C’est désormais officiel, je suis l’autrice des Hauts-de-France choisie par l’association Normandie Livre & Lecture dans le cadre d’une résidence croisée co-organisée avec l’AR2L (Agence régionale du Livre et de la Lecture) qui, pour sa part, reçoit l’autrice et journaliste Emmanuelle Polle. Ma résidence s’étalera de février à mai au Centre départemental de Création et d’Histoire des Fours à Chaux, à Regnéville-sur-Mer. Mon programme est en cours de construction mais je peux déjà vous dire que les échanges avec mes interlocutrices normandes sont assez exaltants. C’est un bonheur de travailler avec des personnes si réactives, inventives et enthousiastes. Il semble même que je vais être amenée à rencontrer l’une de mes héroïnes sonores, du moins ce projet est-il en train de se tricoter. Je vais aussi rencontrer d’autres résident(e)s, parmi lesquels l’artiste Marianne Dupain, dont le travail et l’humour me plaisent beaucoup.

Courir ne devrait pas être un problème pendant cette résidence : ça se passe ici.

Je précise que tout ceci n’a aucun lien avec ma résidence à la Factorie, Maison de poésie de Normandie, à Val-de-Reuil, du 10 au 21 janvier. C’est juste une coïncidence : mon année 2022 sera très normande. Je m’en réjouis.

ISTC

« Les éditions Cours toujours et l’ISTC sont heureuses de vous inviter mardi 14 décembre 2021, à 19 h, à une soirée littéraire autour du livre Terrils tout partout, de Fanny Chiarello » (c’est moi). Ce qui va se passer, c’est que je vais lire un extrait du livre, ensuite Dominique Brisson et moi allons dicuter un peu, puis nous allons toutes et tous boire un verre et sans doute manger des cacahuètes mais je manque de détails concernant cet aspect de la soirée. L’invitation dit qu’il faut s’inscrire ici avant le 10 décembre pour participer, ce qui m’ennuie autant que vous car je partage votre indocilité fondamentale mais rappelez-vous : des cacahuètes (peut-être même des Tuc, qui sait ?) Et puis l’ISTC se situe dans l’un de ces bâtiment de la catho qui ressemblent aux grandes facs américaines ou anglaises, genre Princeton, gothiques avec parc, et elle « sensibilise ses étudiants  aux enjeux du monde contemporain en renforçant le socle de culture générale qui permet de bien les comprendre, d’accueillir la diversité comme une opportunité, de cultiver la créativité et le développement d’une pensée fine et responsable », ça s’encourage. C’est 81-83 boulevard Vauban à Lille. Venez.