Pas une geste

Donc le médecin a dit non, on ne va pas lire à Bordeaux avec une grippe carabinée. C’est le troisième jour et j’ai encore de la fièvre, alors il faut renoncer. Ce serait un euphémisme de dire que je suis triste et déçue mais il est vrai que, vu mes difficultés à descendre un escalier, prendre trois trains puis gesticuler (car c’est bien ce en quoi consiste ma lecture) tout en éternuant et toussant serait un défi un peu audacieux et pas très correct envers celles et ceux que je risquerais de contaminer. Alors je vais rester dans mon lit et un état semi comateux, avec Spring d’Ali Smith et mes leçons d’italien.

Un extrait de Spring dans lequel la Terre s’adresse aux humains, comme j’ai demandé aux élèves de Corbie de le faire dans nos ateliers – pure coïncidence :

« Mess up my climate, I’ll fuck with your lives. Your lives are a nothing to me. I’ll yank daffodils out of the ground in December. I’ll block up your front door in April with snow and blow down that tree so it cracks your roof open. I’ll carpet your house with the river. »

(J’adore Ali Smith.)

Perluète

Sur le site de Perluète, la revue de l’agence Normandie Livre et Lecture, vous pouvez trouver un article qui récapitule les étapes de ma résidence croisée avec Emmanuelle Polle. On y clique aussi sur un lien vers Soundcloud, où l’on peut entendre une interview donnée à Cindy Mahout, interview que j’ai moi-même habillée de musiques avec mon petit logiciel gratuit. Au programme,

Delphine Dora, Rêver l’imperceptible
Valentina Magaletti, Tutti Alcirco!
Félicia Atkinson, Courir
Cucina Povera, Zoom 5
Klein, Camelot Is Coming
Circuit Des Yeux, Call Sign E8
Micachu & The Shapes, Nowhere

J’avais des contraintes de longueur et n’ai donc choisi que des morceaux très (très) courts. Par coïncidence, on n’y trouve pas seulement mon amoureuse mais aussi l’artiste que j’évoquais dans mon précédent billet, qui l’a invitée à faire sa première partie ce soir. On peut écouter le podcast ici.

On peut enfin y découvrir Cette sacrée rotondité, mon texte à quatre mains avec Emmanuelle Polle – que nous lirons bientôt en public avec la complicité de ma chère amie Aude Rabillon. Je l’ai aussi ajouté dans le menu de ce site, ici.

SGDL + état grippal

Je ne tombe jamais malade. C’est comme ça quand on court tous les matins, en short dans le vent, la pluie, la neige, on est d’acier. Des années sans un rhume. Alors pourquoi, alors que demain je dois partir dès l’aube faire un service de presse à Lille, soumettre à un dentiste la couronne cassée qui me torture depuis deux semaines puis filer à Bordeaux pour lire La geste permanente de Gentil-Coeur lors de la soirée de lancement de la Maison de la poésie, ai-je de la fièvre et mal à la gorge ? Je continue d’y croire, je prends des médicaments, des huiles essentielles, je suis toutes les préconisations de mon amour – ainsi, je ne suis pas en train de courir (il m’est arrivé de courir avec de la fièvre, c’était amusant, comme un manège). Je ne lâche pas la patate. Par ailleurs, je dois à mon amie Maud Thiria d’avoir appris cette bonne nouvelle – également relayée sur Instagram (mais ce n’est pas comme si j’y allais régulièrement) par Katia Bouchoueva et Laure Gauthier : ladite chanson de geste figure dans la première sélection du Grand Prix de Poésie de la SGDL (Société des Gens de Lettres). Youpi !

d’autres voyages

Hier, après deux représentations diversement divertissantes (chute du décor pendant la première, flottement général dans la seconde), nous avons fêté le succès de notre dernière création en date – et cet après-midi, nous allons manifester pour obtenir le droit de poursuivre nos saines activités l’année prochaine (c’est mon jour de rébellion ; ce matin, j’ai protesté auprès de Valentina contre la conjugaison de volere : « Come on, je lui ai dit, voglio, vuoi, ok, but vuole? Wtf? » et je ne parle même pas de venire, qui a l’air d’une blague – mais ensuite quand elle a compté en français jusqu’à dix et m’a demandé ce qui venait après, j’ai bien dû admettre que onze, c’est super chelou en fait). Trêve de linguistique, il manque trois personnes sur la photo ci-dessous, hélas :

Dans l’euphorie, Astrid, Nathalie et moi avons décidé de reprendre notre spectacle La vie sans Brad, que nous avons monté il y a dix ans (déjà, JMJ), théâtre, piano et chant. Nous avons envoyé cette photo à la quatrième d’entre nous, Mathilde, qui a immédiatement répondu qu’elle était partante. Encore une belle aventure en perspective.

Je viens de retrouver les photos de ce spectacle et quelle émotion : on voit aussi, dans le public, ma mamie Denise et quelques amies que je n’ai pas vues depuis des années.

Nous avons fait un beau voyage

Dimanche 3 avril à 14h30 et à 17h, il sera question de mobilités à l’espace Bondeaux, rue de la Liberté à Liévin. (Gratuit ; réservation recommandée.) Vous n’êtes pas dispo ce jour-là ? Vous pouvez toujours assister à la générale, le samedi soir, si vous êtes prêt.e.s à mettre le prix.

Maison de la Poésie de Bordeaux

Je ne suis pas peu fière de figurer parmi les trois poètes invités à lancer en quelque sorte la toute nouvelle Maison de la Poésie de Bordeaux, à l’occasion de l’Escale du Livre, le 8 avril à l’Atelier du Conservatoire. Merci infiniment à Patrice Luchet pour sa confiance, je suis tellement heureuse et honorée de faire cette lecture… Plus de détails ci-dessous.

Au fil de la Souchez

Je vous en parlais ici : pendant deux ans, j’ai fait écrire des randonneurs liévinois tandis que la plasticienne et graphiste Oréli Paskal les faisait dessiner. Nous avons choisi de suivre une petite rivière qui, après son passage dans une buse sous la ville de Lens, se transforme en canal : la Souchez. Nous avons donc marché, puis les participant.e.s nous envoyaient leurs devoirs, que nous mettions en forme. Ce formidable petit groupe plein d’énergie, d’humour et de talent, attachant et haut en couleurs, n’a pas seulement produit une carte sensible mais aussi un carnet de route. Hier soir, ces super hurluberlus se sont réunis pour fêter la réception de ces beaux objets, qui seront distribués dans les quelques villes traversées par notre rivière super star. Nous ne comptons pas en rester là et avons hâte de nous lancer dans l’exploration d’un bassin minier insolite – dont les maisons penchées de Grenay (vues ici) seront assurément un beau défi pour les dessinateurs. (Comme tout le monde a l’air sage, sur cette photo… Comme c’est trompeur…)

Merci à Oréli pour les photos ci-dessous. D’abord, la carte proprement dite.

Son verso.

Le livret.

Ci-dessous, trois photos que j’ai prises avec les moyens du bord (une seule main, donc) pour vous donner un aperçu de la mise en page et des productions de nos incroyables artistes.

Ici, mon amie Marie-Thérèse et moi répétons nos lectures avant le début des festivités.

Ici ma mère lit, mon amie Hélène est très concentrée mais Élisabeth et Marc, pas tellement.

Le genre d’ambiance dans laquelle nous avons travaillé puis fêté notre travail…

Même s’il y a eu des moments plus solennels – ici, on voit à mon air aimable que je ne suis pas super fan du pont de contournement (alors en construction) de Courrières.

Tribu

Dans ma boîte aux lettres ce midi, le nouveau roman de mon amie Nat Yot, avec une dédicace et des remerciements qui m’ont beaucoup émue.

Par coïncidence, l’implacable et la réconfortante se rencontreront en mai aux Fours à Chaux de Regnéville, où elles seront toutes deux en résidence.

(Nat et moi faisant les andouilles pour notre amie IBL au marché de la poésie, édition 2021.)

Un allié (encore une histoire de suidés)

Je suis tombée sur un article du naturaliste Pierre Rigaux et j’en ai les larmes aux yeux : je ne suis donc pas une illuminée ou une idéaliste. L’article est ici et voici sa conclusion :

« Le nombre faramineux de sangliers abattus chaque année* est la conséquence mal maîtrisée d’une volonté politique et historique de disposer d’une abondance de « gibier » à « réguler » par la chasse de loisir.

Dans l’inconscient collectif, le cas du sanglier permet au lobby cynégétique de justifier son rôle plus que discutable de « régulateur de la faune sauvage ».

Pourtant, les sangliers représentent à peine 1 à 2% de la totalité des animaux tués à la chasse en France.

Une majorité de ces animaux est issue, soit d’élevages de « gibiers », soit de populations sauvages en déclin ou ne nécessitant aucunement d’être « régulées ».

  • Ne faudrait-il pas changer de paradigme ?
  • Est-ce sensé de continuer à réfléchir en termes de tirs et d’activité de loisir ?
  • N’y a-t-il pas d’autres voies scientifiques et techniques à explorer ?
  • Est-ce raisonnable d’abattre massivement des sangliers parce qu’ils abîment des champs de maïs destinés à des élevages intensifs dont nous n’avons nullement besoin pour notre alimentation ?
  • Ne devrait-on pas refonder notre relation au vivant sur la base d’un meilleur respect des animaux, qu’ils soient sauvages ou domestiques ? »

* Plus de 600 000 sangliers sont abattus chaque année en France, au nom de la « régulation ».

(Photo de Luc Souret, par le biais de laquelle j’ai trouvé cet article qui devrait être très largement diffusé – oui, je regarde des photos de sangliers / laies / marcassins pour mon loisir, et alors ? Quelles splendeurs…)

Merci Pierre Rigaux, que le monde vous entende…