Devant quoi posons-nous ?
Devant une gated wilderness – l’expression est de moi, composée du terme gated communities, qui désigne les enclaves résidentielles pour riches, et du terme officiel d’ici pour désigner les parcs naturels sous clé, urban wilderness, un concept que je ne connaissais pas encore et qui semble très californien : ces collines, habitat de nombreuses espèces, parmi lesquelles les ours et les ratons laveurs, sont accessibles au public humain jusqu’à 22h, après quoi les grilles sont fermées.
On n’a pas le droit d’y apporter son arme à feu – comme à l’aéroport, ce dont nous nous sommes beaucoup amusées : comment est-on censé protéger sa famille dans l’avion ? Une conductrice de taxi hippie venait de nous dire que le monde ne tournait pas rond et que désormais on n’avait plus le droit, dans certains états, de tirer sur les intrus sur son propre terrain (elle a employé le mot murder, tranquille) ; ce qui, a-t-elle précisé pour nous rassurer, ne l’empêche pas d’aimer son pays et Dieu. Ouf…
Mais une fois qu’on a franchi la grille, si l’on fait abstraction des hélicoptères omniprésents, on est bien, dans la gated wilderness.
Et si nous n’avons pas eu la chance de croiser des animaux sauvages, certains restes de boue scellent notre cohabitation derrière les grilles de la civilisation.
Nous avons discuté avec diverses personnes qui attestent la présence fréquente d’ours dans leur jardin dans ce quartier que nous avons choisi mais je n’y ai même pas vu l’ombre d’un raton laveur, sinon ces traces de pas.
Sortons de la gw, revenons à la végétation urbaine ordinaire, dont voici un très modeste échantillon, car les rues ici sont luxuriantes. Le jardin typique comporte au moins des palmiers et des orangers ou des citronniers.
Pas de chaussures, non, du moins pas par paires, mais des chaussettes – c’est mieux que rien.
Et parfois quelques extravagances.
Et maintenant, nous sommes à San Francisco, c’est parti pour de nouvelles aventures. Ce soir, on travaille : Permanent Draft poursuit sa tournée internationale.