entre deux gares dans ma tête
en tourbillon des brouillons de lettres
que j’hésite à t’écrire et sous mes roulettes
les trottoirs étroits et sales de ta ville
est-ce que je serre les mâchoires ?
les larmes tiennent bon dedans
je renverse la tête comme les enfants
quand ils saignent du nez – ça marche
j’avance de mon pas vif et ça commence par
Mon amour, un brouillon après l’autre
je dépasse une femme je serre peut-être
les mâchoires je ne sais pas je ne pleure pas
et la femme que je dépasse me demande
ce qui ne va pas je redresse ma valise
le temps se suspend sur le trottoir là juste
devant le square Montholon immobile
je fais face à l’inconnue je lui parle de toi
elle avance des hypothèses me prodigue
des formules pour continuer sans
toi s’il le faut et cesser de souffrir
les minutes passent et je souris grâce
à Fatima B., 58 ans, avocate et formatrice
d’avocats qui ne me trouve pas si foutue
que ça – ma bonne fée du jour – merci
(Plus loin, de nouveau entre deux gares.)