JC+42

Nous poursuivons notre jardinage, assistées par Dame Sam que l’on aperçoit ici en arrière-plan alors qu’elle va tasser le tas de déchets verts – qui sera bientôt plus haut que moi. J’ai un accès de mélancolie quand je vois ce nid d’oiseau abandonné, bardé de plastique. Je hais le plastique.

Nous travaillons beaucoup, aussi, chacune sur notre ordinateur, puis vient l’un de nos moments préférés : la promenade du soir. En sortant, je me sens privilégiée quand nous découvrons que la maison est la seule de la rue devant laquelle un coquelicot ait décidé de pousser. Quel honneur !

Ce gant est, je pense, le premier que nous ayons croisé au spot de lapins, où il rejoint l’équivalent de ce qu’un camion-poubelle plein aurait pu déverser sur la pente du terril – avant l’ère du tri sélectif puisque le verre et le papier s’y mêlent aux divers plastiques.

Là-haut, par chance, c’est très propre. Là-haut, ce n’est pas à cause des détritus qu’on ne voit plus tellement les lapins mais en raison de l’épanouissement des ombellifères et des orties blanches. Je suis en short, c’est vivifiant.

Vers l’ouest, la vue est particulièrement belle aujourd’hui.

L’annonce que nous n’avons pas écoutée soulève chez nous quelques réflexions douloureuses. Je crains le déconfinement autant que j’y aspire. J’ai hâte de revoir mes proches, de faire des virées sur Mon Bolide, de courir dans la nature, de me débarrasser enfin de ma maison lilloise (sept mois après la signature du compromis), etc., mais je ne veux pas être séparée de mon amour. J’ai pris l’habitude du luxe qu’est sa présence auprès de moi à chaque instant : comment y renoncer pour reprendre le fil discontinu de notre vie habituelle ? Je vais sans doute devoir la séquestrer.