Le vide du jour
(Blanches Laines, Sallaumines,
à deux pas de chez la jeune athlète.)
Le détritus du jour
Je l’ai promis hier, le voici : Capri Sun n’a pas dit son dernier mot, même si les gants et masques lui ont volé la vedette sur nos trottoirs et pelouses, dans nos caniveaux, parcs, squares et fourrés. Comme nous, Cap’s (comme l’appellent ses amis) attend avec impatience le vaccin du Covid-19.
Le conseil lecture du jour
Sortez de votre sas de décontamination tous les articles (Cap’s et autres) achetés lors de votre drive de la semaine dernière ; quand vous ôtez les emballages que vous croyez superfétatoires, prenez le temps de les lire, de savourer leur poésie. Ou peut-être estimez-vous que la poésie n’est pas utile ? Un extrait de mon roman Le zeppelin qui rend hommage à la poésie d’emballages alimentaires :
« – Tu vas payer un tiers plus cher pour une marque alors que les sous-marques proposent le même produit dans des emballages différents ? Regarde, même les photos sont quasiment identiques.
– C’est vrai. Mais je préfère les promesses d’extase que nous adressent les marques. Des recettes originales au cœur d’un délicieux chocolat pour des instants magiques. Tu préférerais Des recettes banales au cœur d’un chocolat grossier pour des instants pesants, peut-être ? Des pâtes aux vieux œufs ? j’ajoute en brandissant un sachet qui garnit mon panier.
– Des ouvertures difficiles ? ajoute Selma en me désignant un paquet de parmesan râpé au fond du sien.
– Du beurre dur, difficile à tartiner.
– Des boissons à servir tiédasses, Selma poursuit l’inventaire.
– Un gel douche qui éteint vos sens et irrite votre peau.
– Ces chips plus molles et plus pâteuses grâce à un procédé de fabrication honteux et un emballage poreux gâtant la saveur d’origine de la pomme de terre.
– Et ce café dont nous avons sélectionné les grains comme des cochons.
– Je préfère ce thé au goût égalable et de qualité douteuse pour mal commencer la journée. »
Le gant du jour
Avec cure-dent. Cette image est aussi l’occasion de montrer qu’à Lens, nous n’avons pas que du bitume mais aussi de jolis sols de centre-ville, où on a plaisir à lâcher son gant usagé.
La bonne nouvelle du jour
Mon ami figuier a vécu en pot pendant sept ans dans une cour commune à Lille, France ; le 9 novembre 2019, jour de ma libération et de mon emménagement à Lens, il a trouvé place dans mon jardin, en pleine terre. Ses racines avaient oublié ce que ça faisait de s’étirer sans limites. J’étais inquiète, ces derniers jours, parce qu’il ne bourgeonnait pas. Son squelette d’à peine deux mètres faisait peine sous l’immense Carol-Anne. Mais aujourd’hui, le voici qui sourit au printemps. Une vie a été sauvée : qu’elle soit longue et belle !
La musique du jour
Ce soir, je quitte la table de la belote après la deuxième partie (bien que je l’aie gagnée, je le précise pour écarter toute médisance), horripilée – presque oppressée – par les cris des adolescents. Mon amour dit qu’ils s’amusaient. Je mesure chaque jour le bonheur de ne pas m’être reproduite : je suis incapable de trouver attendrissantes des manifestations de joie si bruyantes. Je préfère écouter les oiseaux chanter harmonieusement, et les étoiles grésiller, et les feuillages frémir – dans le jardin déserté par la jeune équipe adverse, qui a regagné ses écrans dès après ma défection.
Mon relevé du jour
Lapin(s) : 5
Joggeur(s) : 1
Mails, SMS et appels de travail : 1
Contrôle(s) de police : 0
Douche : Oui