Je ne m’attendais pas à pleurer dans le train, encore moins à sangloter, encore moins à tant sangloter. Comme si le départ avait ouvert les vannes d’une mélancolie qui enflait depuis quelques mois. J’aurais pu écrire un livre entier pour dire la perte, le délitement, le sentiment d’un monde qui disparaît (au profit d’un autre où je n’ai pas toujours ma place et auquel je trouve peu de charme) mais aussi la beauté mélancolique de la campagne et de vies modestes, parfois rudes, qui se vivent à l’écart de la grande agitation – j’ai pour elles une tendresse infinie, si l’on fait abstraction des chasseurs, éleveurs & Cie. Pas de vanité, là où je viens de passer un mois ; pas de place pour la vanité. Hier, je n’ai pu m’empêcher de faire une dernière petite virée à vélo pour dire encore au revoir et j’ai découvert que la maison à toit de chaume qui fait face au télésiège dispose d’un minigolf privatif complet, mangé par la mousse, à 500 mètres du minigolf public (comment avais-je pu ne pas le remarquer plus tôt ?) et je me suis dit que vraiment, je devais revenir et écrire sur la frontière, même si je sais que mes camarades me manqueront, si je reviens, et que je ne me sentirai plus chez moi.
Ce matin, avant de partir, j’ai fait le tour du parc en espérant voir des chevreuils et j’ai enregistré un concert de pics-verts. Puis je suis retournée à la Villa, rejoindre Adèle et sa mère qui allaient me déposer à la gare de Bailleul, j’ai pris une dernière photo de son plus beau flanc et, quand je l’ai contournée vers l’entrée principale,
j’ai trouvé Adèle qui enregistrait les oiseaux, elle aussi.
Je vous dis à bientôt, Youyou, Adèle et Chab <3