Ce matin, alors que je courais dans les champs de Belgique, j’ai rencontré quatre chevreuils. Ils se sont enfuis si vite que je n’ai pas eu le temps de les prendre en photo ; il faut dire que la saison de chasse s’est achevée il y a seulement cinq jours. Je dis seulement mais pour certains fleurons de la nation, la nostalgie du fusil est déjà cuisante. Hier, alors que Chab, Adèle et moi rentrions du village, où nous étions allés acheter quelques légumes, nous avons vu un cavalier en grand apparat descendre le chemin vers la villa, s’arrêter au milieu d’une pelouse et se mettre à jouer du cor. Nous sommes resté.e.s bouche bée, c’est pourquoi je n’ai que quelques secondes de vidéo (ci-dessous) pour vous présenter le gamin le plus grotesque du monde. Deux dames qui devaient être ses grand-tantes nous ont dit qu’il s’entraînait pour la chasse à cour ; elles ont ajouté très fièrement qu’il avait appris à jouer du cor pendant le confinement (ses voisins, quant à eux, ne devaient pas avoir de fusil, quel dommage). Gars, trouve-toi une girlfriend, range ta bombe et ton cor et, par pitié, descends de ce pauvre cheval.
Ce matin, donc, des chevreuils et pas de sangliers. De la brume, pourtant, et les bois étaient si beaux que j’avais envie de m’arrêter tous les trois mètres pour prendre des photos – chaque arbre voulait me raconter son histoire.
Ici, la plupart du temps, on n’entend que des oiseaux. De temps à autres, des joggeurs fluorescents qui parlent trop fort ou une voiture qui passe en amont, mais pas tant que ça. Parfois, les oiseaux font un charmant brouhaha. Une famille a élu domicile sur la cheminée de la villa, de sorte qu’on l’entend très distinctement, dans la cuisine, ses chants et pépiements amplifiés par le conduit jusque dans la hotte qui fait office d’enceinte.
A ma grande joie, j’ai ici la compagnie des oiseaux qui font ree-pee / roo-pee (wee-pee / woo-pee) et j’ai pu en isoler un grâce au zoom de mon appareil photo. C’est bien d’une grive qu’il s’agit. J’ai passé des minutes entières à la filmer, chaque fois elle a lancé son wee-pee au moment où je baissais les bras.
Je l’ai vue alors que je rentrais du Mont Noir, où j’étais allée acheter le pain. Pour vous faire une idée d’où se trouve le Mont Noir par rapport à la villa, consultez la carte ci-dessous.
Près du bien nommé parc d’attraction Youpiland,
il y a la chapelle Notre Dame des Affliges et un panneau Télésiège. Cette photo pourrie ne le montre pas mais il n’y a pas d’accent aigu sur le e d’Affliges aussi ai-je décidé que c’était une région, les Affliges, comme les Abruzzes en Italie. Je fais ce que je veux. Quant au panneau Télésiège, il m’a donné envie de consacrer un livre à cet étonnant moyen de transport par-dessus les champs mais j’ai déjà trop de chantiers en cours. Il faudra que je revienne. Pour moi, le télésiège à la belge, c’est l’inverse du télésiège platement fonctionnel que l’on trouve en France : plus ludique mais aussi plus existentiel, il propose avant tout l’expérience immanente du télésiège.
Enfin, comme c’est dimanche, je tiens à partager ici ma rencontre avec Jésus Christ, ce matin, au détour d’un des innombrables chemins qui veinent le territoire. Il ne va toujours pas mieux mais il a un petit toit (c’est aussi très belge, j’en ai vu plein à Eupen).
Cette rencontre m’a fait fredonner spontanément la chanson (1’15) du trio féminin Alice, précisément intitulée Jésus Christ et dont voici une citation-teaser : « Personne ne sait multiplier les poissons comme Jésus Christ ».