Après avoir passé une nuit à rêver de sangliers, à me réveiller en sursaut, à chercher un arbre où grimper, j’ai décidé d’aller courir ce matin à PLC (certain.e.s d’entre vous se rappellent peut-être une ancienne rubrique de ce blog, intitulée PLC pour presque la campagne), qui a aussi un peu l’aspect d’un arrière-monde par endroits.
Ici, énormément d’arbres sont colonisés par le gui, c’est très beau – même si les arbres en souffrent, ce qui rejoint une discussion que j’ai eue hier avec mes camarades et notamment avec Marion Renauld sur l’insoluble cruauté de la nature : le gui a le droit d’exister mais il est ressenti par ses hôtes comme un parasite et les oiseaux sont innocemment complices de cette occupation.
Une vue de la réserve ornithologique. Il y a plein de lacs et d’étangs, autour de Léry, en plus de la rivière et du fleuve.
J’ai presque eu envie de me baigner, au milieu des oiseaux d’eau – certaines espèces sédentarisées, d’autres de passage, un peu comme les poètes en cette session d’hiver (nous sommes notamment réunis à l’occasion de l’opération « Les poètes n’hibernent pas ») : hier, Jean d’Amérique s’est installé parmi nous tandis que Marion Renauld était seulement de passage pour deux jours et que Mélanie Leblanc nous a rendu visite pour la soirée. Pour info, Maud Thiria imite le cri de la foulque macroule avec tant de vérité qu’elle trompe les applis de reconnaissance des oiseaux. Les poètes qui m’entourent ont des talents variés ; Catherine Barsics en révèle tant et tant que j’ai menacé de lui consacrer une chaîne Youtube et finalement renoncé à filmer toutes ses incroyables impros.
Plus loin, à la sortie de la réserve, j’essaie de me détendre : toute flaque n’est pas souille, me dis-je – et tout sanglier ne charge pas ses ami.e.s. Anna notait hier que ma confrontation avec Monsieur Furieux a immédiatement bouleversé mes structures mentales, mon approche des animaux, ma posture au milieu d’eux. Et c’est vrai, c’était vrai avant même que j’en fasse le récit à quiconque.
Ci-dessous, autoportrait à la surface de l’Eure, où les nombres pairs sont barrés.
Et un arrière-monde de Val-de-Reuil où on peut danser en paix, sans regard importun.
Ici, le soir, les poètes n’ont pas besoin de se concerter pour converger vers 19h autour du bar, où nous attendent notre Charlène Damour, chargée de production de la Factorie, ainsi qu’Erwan, plus qu’un barman. On parle parle parle on rit rit rit on boit on mange on danse danse danse et on se lit des textes lors de scènes ouvertes menées par notre MC Emanuel Campo. Hier soir, après qu’Anna nous a tiré les cartes – tarot des plantes et tarot marseillais (ma plante est le pavot californien, Eschscholzia, soit « rêve, imagination, créativité ») – nous étions huit à partager le micro dans une des salles de spectacle, c’était drôle, beau, intense ; quelle chance inouïe de vivre de tels moments avec ces formidables artistes/personnes. Ci-dessous, Emanuel absorbe toute la lumière.