Hier, jour nombre premier, sept mois après la signature du compromis, j’ai enfin dit adieu à ma maison de Lille – adieu à Lille – coupé le dernier lien qui m’arrimait encore malgré moi à cette ancienne vie. Le notaire était un homme extrêmement pointilleux , pourtant il employait la préposition sur suivie des noms de ville (usage pompeux, moche et ridicule contre lequel je m’insurge depuis son apparition, il y a une quinzaine d’années), ce qui m’a laissé penser que la cause de la préposition à était définitivement perdue. Ma meilleure amie s’est moqué de moi : C’est une sentimentale, a-t-elle ironisé quand j’ai dit que non, ça ne m’avait rien fait de voir cette maison pour la dernière fois. Puis elle m’a demandé, dubitative, si j’étais parfois émue de passer devant un endroit où j’avais autrefois vécu et il me semble qu’elle a répondu en même temps que moi : Lambersart. Mon appartement au deuxième étage sur parking, 34 bis, avenue du Colysée, où j’ai vécu de 2005 à 2007 avec Joe et Dame Sam, où j’ai écrit la première version du Zeppelin, où je suis morte et ressuscitée, etc.
Au retour, j’ai fait le tour de mes nouveaux paysages et amis. J’ai vu mon Danny, bien sûr – petit trot en duo de part et d’autre du fil blanc, lancer de carotte, salut, etc.
Mais aussi, pour la première fois depuis le 21 mars, ma danseuse étoile préférée, Carrie, qui m’avait beaucoup manqué.
Et canards, poules d’eau, foulques, cygnes, lapins,
arbres gothiques,
mais toujours pas de Dinah – je ne mentionne même pas la poulette de Danny, que je suis résignée à ne jamais revoir.
Mon autre (très) bonne nouvelle du jour : la parution de ma chanson de geste n’est pas annulée pour cause de coronavirus mais seulement reportée de quelques mois. JMJ, quel soulagement !