Dans le jardin, la symphonie des oiseaux, le sac et le ressac du vent dans les feuillages ; aucun son d’origine humaine n’y parvient ce matin. À travers la végétation de plus en plus dense, j’aperçois le couple orbital et souris, puis je me tourne de nouveau vers mon écran.
Mon nouveau texte a triplé de volume en quelques jours ; je vis dedans, depuis que je suis confinée avec la seule – l’exquise – Dame Sam – qui lit constamment, non pas par-dessus mon épaule mais par-dessus le rebord du bureau. Cette nuit, j’ai rallumé la lumière pour prendre des notes dans le carnet qui ne quitte pas ma table de chevet. Dame Sam était de mauvaise humeur. Et, dès le réveil, je m’y suis replongée. Dame Sam avait hâte d’en découdre avec notre sujet du moment. Puisse ce texte continuer de nous porter jusqu’au 11 mai, où nous parcourrons 173 km sur Mon Bolide – Dame Sam dans un panier que je fixerai au guidon – en entonnant des chansons cajuns.
Deux vides aujourd’hui
celui de la cité 13 à Sallaumines
et celui de la cité 12/14 à Lens. 3,67 km séparent, à vol d’oiseau, les deux points d’où j’ai pris ces photos. L’organisation spatiale des mines est très particulière, difficile à comprendre et bien plus encore à mémoriser. Je m’y entraîne. Je lis des PDF et des PDF de documentation, des centaines de pages, pour ne pas écrire de bêtises dans mon texte en cours. Ce n’est pas gagné…
Trois vues de la cité du 12/14 datant d’il y a un an, trouvées en street view sur Google Maps, dont une depuis le point où a été prise la photo ci-dessus. Je les ai découvertes, sans doute in extremis, avant que le site ne mette à jour ses vues immersives.
Le gant du jour
quant à lui, nous vient de la métropole lilloise et nous est proposé par mon Antique. On reconnaît bien mon ancien territoire à cette douille de protoxyde d’azote – on en trouve très peu dans le bassin minier.
(© Antique donc.)
Ici, nous aimons les plaisirs simples, tels qu’illustrés par
Le (tas de) détritus du jour
qui gît à Sallaumines. Je l’appelle le tombeau des canettes.
Cet après-midi, je cours avec Danny, le récompense pour son effort de la plus petite carotte que j’aie trouvée au supermarché (et que j’ai choisie spécialement pour lui), et cette fois il la mange comme un Tic-Tac. Je lui promets que je finirai par trouver son format idéal. Avant de filer, je lui dis que je vais faire un tour sur le terril maudit et que je reviens ensuite. J’aimerais bien que tu viennes avec moi, je lui dis, pour ruer sur le psychopathe s’il s’en prend à moi. Cette idée le fait rire et il se met à tourner sur lui-même, à lancer la tête en arrière, il est à deux doigts de braire. Je suis un peu vexée.
Dès lors que je monte sur le terril maudit, je suis desséchée par la peur. Je respire avec difficulté. Je mise sur mon hyperacousie pour me signaler l’éventuelle approche d’un monstre et escalade les monticules derrière le cimetière. Pas de masse blanche en vue et impossible d’avancer de ce côté puisque je suis confrontée à ceci
soit un amas confus parfaitement impraticable. Je n’aurai d’autre choix que de passer par le campement pour trouver le mystérieux objet, mais ce sera pour une autre fois. Pour l’instant, je détale sur mes jambes flageolantes. J’explore les abords du site à l’ouest et, au passage, découvre cet arbre. La photo est pour mon amie O., même si cet arbre doit lui sembler un petit joueur…
Quand je repasse devant l’enclos de Danny, j’y découvre son geôlier ; c’est un monsieur à grosse moustache, l’air bourru, et il caresse brièvement le front de mon ami. Danny a l’air content, c’est sans doute le syndrome de Stockholm.
La musique du jour
Pour danser sur votre balcon avec votre âne, votre chat ou votre lapin, je trouve ça pas mal du tout.