Depuis quelques jours, je prépare un bref exposé pour la jeune athlète sur l’avènement du lotissement vu à travers les films fantastiques/d’horreur des années 70-80. Pour étayer mon propos, je fais des captures d’écran. Alors que je revoyais Poltergeist pour explorer le lotissement californien Cuesta Verde où se situe l’action, j’ai vu mon étude Kitsch & lutte des classes faire un bond en avant, plus spécifiquement la grande partie de cette étude qui s’intéresse aux Chalets du Nord. Dans mon célèbre article sur la question, que vous pouvez relire ici, j’écrivais à propos d’un CdN sis à Saint-André : « Cette vision est un véritable yodel en Californie ! » Or (tant de coïncidences finiront par m’effrayer) la découverte que je viens de faire rend précisément nos théories sur l’origine des Chalets du Nord aussi contradictoires que le sont celles du blue yodel. Conférence :
1. l’origine du blue yodel
Selon certaines sources, le yodel hawaïen serait complètement distinct du yodel européen. Il serait la combinaison des chants traditionnels de l’île, aux techniques vocales naturelles, et du falsetto qu’y ont apporté les vaqueros mexicains venus endiguer dans les années 1830 l’invasion de vaches, tenues pour sacrées par les autochtones depuis que des européens leur avaient fait cadeau d’un petit cheptel. D’autres sources, qui situent la naissance du yodel américain au même endroit, y voient l’apport direct de deux missionnaires allemands qui dirigeaient le Boys Choir hawaïen, Henry Berger et Theodore Richards ; selon cette version, ce serait d’un yodel purement européen que les chorales auraient embelli les chants indigènes. On peut aussi imaginer un effet conjugué du yodel européen et du falsetto mexicain sur le folklore local. Une théorie voudrait que Daniel Decatur Emmett, le principal compositeur et plus célèbre interprète du minstrel show, se soit inspiré d’artistes européens dans son exploitation du yodel, car il avait voyagé, mais cette thèse me semble peu probable puisque le premier yodel d’Emmett date de 1859, or Tom Christian avait complètement intégré le yodel à son spectacle de minstrel dès 1847. Cela dit, Walter Scott décrivait déjà le yodel comme très présent sur les scènes britanniques dès les années 1830 et les voyages entre le Vieux et le Nouveau Monde étaient assez fréquents pour que les modes parviennent à traverser un océan. Une seule certitude : au début du dix-neuvième siècle, le yodel poussait très fort, de toutes parts, avec la ferme intention d’éclabousser les musiques populaires américaines, il s’immisçait par toutes les brèches : un missionnaire allemand posait son balluchon à Honolulu ? un vaquero poussait la chansonnette sur son cheval à Kailua ? un lecteur de Walter Scott migrait à Chicago ? Le yodel en profitait, il était de tous les voyages, de tous les bagages, et il était ambitieux, déterminé à percer par tous les moyens.
2. l’origine du Chalet du Nord
Je ne mène mon étude sur les chalets du Nord que depuis deux ou trois ans. L’état de dégradation présenté par certains spécimens nous assure que le CdN n’est pas une mode de l’année, mais la découverte que j’ai faite en revoyant le générique de Poltergeist pourrait bien situer dans un temps beaucoup plus reculé que je ne l’imaginais l’avènement du Chalet comme élément distinctif dans le paysage suburbain. On trouvait des Chalets de Californie dès 1982 (date de sortie du film), comme en attestent les captures d’écran ci-dessous.
Un complément d’étude s’impose mais une piste ne peut être négligée : non pas celle du chalet suisse mais celle de la cabane canadienne. Plus de pistes dans l’article consacré aux cabanes en rondins par la Grande Encyclopédie de la Vérité Avérée du Vingt-et-Unième Siècle, ici. Faut-il parler de Chalet de Californie ou de Cabane en Rondins de Californie ?