Tribu

Dans ma boîte aux lettres ce midi, le nouveau roman de mon amie Nat Yot, avec une dédicace et des remerciements qui m’ont beaucoup émue.

Par coïncidence, l’implacable et la réconfortante se rencontreront en mai aux Fours à Chaux de Regnéville, où elles seront toutes deux en résidence.

(Nat et moi faisant les andouilles pour notre amie IBL au marché de la poésie, édition 2021.)

Un allié (encore une histoire de suidés)

Je suis tombée sur un article du naturaliste Pierre Rigaux et j’en ai les larmes aux yeux : je ne suis donc pas une illuminée ou une idéaliste. L’article est ici et voici sa conclusion :

« Le nombre faramineux de sangliers abattus chaque année* est la conséquence mal maîtrisée d’une volonté politique et historique de disposer d’une abondance de « gibier » à « réguler » par la chasse de loisir.

Dans l’inconscient collectif, le cas du sanglier permet au lobby cynégétique de justifier son rôle plus que discutable de « régulateur de la faune sauvage ».

Pourtant, les sangliers représentent à peine 1 à 2% de la totalité des animaux tués à la chasse en France.

Une majorité de ces animaux est issue, soit d’élevages de « gibiers », soit de populations sauvages en déclin ou ne nécessitant aucunement d’être « régulées ».

  • Ne faudrait-il pas changer de paradigme ?
  • Est-ce sensé de continuer à réfléchir en termes de tirs et d’activité de loisir ?
  • N’y a-t-il pas d’autres voies scientifiques et techniques à explorer ?
  • Est-ce raisonnable d’abattre massivement des sangliers parce qu’ils abîment des champs de maïs destinés à des élevages intensifs dont nous n’avons nullement besoin pour notre alimentation ?
  • Ne devrait-on pas refonder notre relation au vivant sur la base d’un meilleur respect des animaux, qu’ils soient sauvages ou domestiques ? »

* Plus de 600 000 sangliers sont abattus chaque année en France, au nom de la « régulation ».

(Photo de Luc Souret, par le biais de laquelle j’ai trouvé cet article qui devrait être très largement diffusé – oui, je regarde des photos de sangliers / laies / marcassins pour mon loisir, et alors ? Quelles splendeurs…)

Merci Pierre Rigaux, que le monde vous entende…

Un atelier

Cette année, je fais écrire des collégiens de Roubaix ; la première séance a eu lieu hier et il ne s’agissait pas (comme le dit le post Instagram ci-dessous) de faire écrire des « paysages états d’âme » mais il se trouve que les élèves avaient travaillé à partir de cette consigne deux jours plus tôt avec leur professeure, de sorte que j’ai eu la surprise de découvrir plusieurs textes débutant par « Demain, dès l’aube » alors même que je leur avais demandé d’écrire à partir d’extraits musicaux que j’ai diffusés, tous aussi éloignés que possible de Victor Hugo.

Une élève a fait remarquer à l’un de ses camarades qu’il y avait trop de répétitions dans le texte qu’il venait de nous lire. Je lui ai répondu qu’au contraire, la répétition créait une prosodie très intéressante. « Mais quand on fait des répétitions, les profs les soulignent, a protesté la jeune fille. Vous allez me perdre, Madame ». J’ai d’abord beaucoup ri mais ensuite j’ai mesuré la difficulté de faire sentir les subtilités de la répétition poétique à des jeunes gens qui ne lisent pas (et encore moins de la poésie, et encore moins de la poésie contemporaine) alors même que de nombreux essais très sérieux traitent du sujet sans épuiser la question. Les limites d’un atelier d’écriture se manifestent dans ce genre de moment : la poésie écrite par des non-lecteurs ne peut être que ludique, basée sur des trucs et des gimmicks à imiter, mais on est frustré de la voir ainsi réduite à un gadget, un dispositif à générer du texte sans que le fond soit forcément très consistant et sans que l’élève ait exprimé quelque chose qui lui tient vraiment à cœur. Je suis en pleine réflexion sur la manière de procéder à l’avenir, l’année me réservant encore quelques ateliers avec des jeunes gens.

Eulalie hors série

On y trouve ce mois-ci un double portrait d’Emmanuelle Polle et moi-même, à l’occasion de notre résidence croisée entre les Hauts-de-France (AR2L) et la Normandie (Normandie Livre et Lecture), ainsi que notre texte à quatre mains, Cette sacrée rotondité. Vous pouvez le lire ici, pages 14 à 17.

Creil

C’est samedi prochain à 15h30, je vais passer ma journée sur les rails parce qu’il y a un changement à Paris (wtf) alors vous avez intérêt à venir nombreux et nombreuses et avec des cadeaux (vegan svp).

ISTC

Encore merci à Piero Turchi pour son invitation. Ci-dessous, je suis avec lui et avec Dominique Brisson, mon éditrice (Cours Toujours). Merci aux participants d’être venus si nombreux et si chaleureux. Merci particulièrement à mes chères et chers Aline, Claire, Olivia, Lucien, Luc et Lulu pour l’after ; je n’avais pas autant ri depuis très, très longtemps. <3 Je garde le Watten travesti show en amulette pour les jours sombres.

Et voici la dernière photo ever de mon bras gauche sans défense. Ce matin, ma super tatoueuse AJ l’a barbelé de ronces.

(Photos ISTC.)

Racines grasses, pointes sèches

Je n’en peux plus, de toute cette beauté qu’on m’envoie par mail, heureusement que je n’ai pas de hache : je n’aurais plus d’ordinateur. Or j’ai plus usage du second que je n’en aurais de la première, celui-ci explosé. Exemples de beautés que je fendrais bien d’un grand coup sec :

« Belle journée à vous »

En principe, on écrit « à vous » en réponse à quelqu’un qui, le premier, aurait écrit « Belle soirée » ; le « à vous » a en quelque sorte valeur de « aussi ». Qu’est censé répondre l’esthète à qui on coupe ainsi l’herbe sous le pied ? « Belle soirée à vous à vous » ? Personnellement, je réponds « Bonne soirée à vous aussi ».

« Belles fêtes de fin d’année ! »

Ta mère, tu ne sais rien de ma vie, tu ne sais pas si je vais passer les fêtes toute seule à manger des cornichons à même le bocal avec un bonnet à pompon, de quoi tu te mêles ?

« En vous souhaitant une belle soirée »

En principe, le gérondif précise une circonstance qui accompagne l’action énoncée par le verbe principal, sauf que dans l’exemple ci-dessus, il n’accompagne rien du tout. Que dirait la phrase principale si elle n’était omise ? « Je vous dis au revoir » ? Ou peut-être que la principale n’est pas omise mais bel et bien censurée : « Je me cure le nez » ? « Je vous mets un doigt dans le cul » ? Après tout, pourquoi pas ? « Je vous mets un doigt dans le cul en vous souhaitant une belle soirée », rien ne s’y oppose.

Et puis c’est quoi, cette manie horripilante de belle ceci, belles cela ? Bientôt vous verrez qu’on nous souhaitera un bel anniversaire. Il y a trop de niaiserie dans ce monde et ce n’est hélas pas la niaiserie qui nous sauvera de la violence, du cynisme et de la cruauté qu’il nous faut par ailleurs endurer. C’est double peine, comme ce terrible sort évoqué par certains flacons de shampooing : racines grasses, pointes sèches.