Do Mi Si La Do Ré

C’est désormais officiel : Agnès et moi serons bientôt à la Cité des électriciens (Bruay-la-Buissière). Le vernissage de mon expo Do Mi Si La Do Ré aura lieu le samedi 7 juin à 11h, en ouverture d’un week-end festif.

L’été dernier, j’ai roulé près de 5 000 kilomètres à vélo pour glaner les photos et les notes qui allaient aboutir à cette étude sur l’habitat dans le bassin minier des Hauts-de-France. J’y développe une théorie (déjà évoquée dans La Geste permanente de Gentil-Coeur aux éditions de L’Attente) selon laquelle l’imaginaire du bassin minier louche beaucoup vers l’Ouest des États-Unis. Un texte illustré sera bientôt disponible en téléchargement ici même.

Merci à Olivier pour la commande et pour sa confiance, ainsi qu’à Yaël, Christine, Florent et Mathis pour le travail d’équipe à la Cité.

Un ex-voto de plus

Photo de Johann Merrich

En ce jour du seigneur, je vais raconter ma vie. Ma vie de miraculée – si j’étais croyante, mes murs seraient tapissés d’ex-voto (on y verrait par exemple un marteau tomber à quelques centimètres de moi sur un trottoir depuis le troisième étage en 2018, on me verrait à plat ventre à côté de mon vélo sur un rond-point encombré il y a deux mois, etc.). Et puis : en 2006, je suis fracassée contre les rochers au pied d’une falaise par la marée montante, je survis ; en 2007, les médecins me donnent 1% de chance de sortir du coma sans séquelles graves, j’attrape le pourcent comme un pompon de fête foraine, je survis ; en 2022, je suis chargée par un sanglier à plusieurs reprises dans la forêt de Bord, je survis ; en 2025, on me propose un vol de plaisance, je saute dans l’avion, il prend très vite de l’altitude c’est étourdissant mais je n’ai pas peur, la pilote saute en parachute me laisse dans l’avion. Eh bien ça va encore, franchement. Juste un peu décoiffée, si on peut dire. Mais quand même, j’aimerais demander à la chance ou à l’instance qui tient tellement à ce que je reste en vie : c’est quoi, le Plan ? C’est quoi ma mission ? C’est quand la rétribution ? C’est quand la douceur, le bonheur que je pourrai emporter avec moi quand vous me laisserez partir ?

Jenny

Parfois, Jenny Hval apparaît dans mes rêves, au même titre que mes ami-es, les membres de ma famille et autres visages de mon quotidien : ça n’a plus un caractère exceptionnel depuis longtemps. Et pour cause, sa musique m’accompagne dans les nombreux hauts et bas de ma vie depuis une dizaine d’années. Jenny est mon amie sans le savoir. Forcément, chaque fois qu’un nouvel album paraît, c’est un événement pour moi (comme pour beaucoup d’autres, j’imagine). Je n’ai jamais été déçue.

Iris Silver Mist est sorti le 2 mai, je me sentais joyeuse et légère ce jour-là, pour diverses raisons ; les jours qui ont suivi, j’ai touché un bonheur intense et inopiné, alors je me suis dit, Tiens, Jenny naura pas à me sauver, cette fois – ce qui s’est produit par le passé : l’album Menneskekollektivet de son duo Lost Girls l’a fait à sa sortie en 2021. Mais, la vie n’épargnant aucune violence aux âmes sensibles, il s’avère que j’ai finalement bien besoin du soutien de Jenny. Elle pose la main sur mon coeur et me dit qu’un jour, je rencontrerai quelqu’un qui ne trahira pas ma confiance, quelqu’un qui me verra, quelqu’un qui ne partira jamais. Un jour, me dit Jenny. En attendant, elle me chante,

Lay down
Down in the deep where your love comes from
Lay down
Down in the deep where it feels like all is gone

Mai

En mai, je célèbre la première édition de deux festivals :

Place aux livres, à Paris – j’y serai le 17, de 11 à 13h

et la Fête du livre politique, à Lille – je participerai à une table ronde le 25 à 14h

Mon cher Pascal,

La dernière fois que j’ai entendu ta voix, j’étais à Turin, au festival Jazz is Dead. Tu m’as appelée alors que j’attendais dans les loges la fin d’un orage de grêles spectaculaire pour aller présenter Basta Now au public. Par coïncidence, tu voulais me parler des femmes dans la musique expérimentale, et d’une musicienne en particulier, que je t’avais présentée lors de ma résidence aux Fours à Chaux de Regnéville-sur-Mer.

Tu m’as dit que tu ne dirigeais plus ce lieu de résidence artistique mais que tu avais toujours envie d’organiser des choses et de générer de la magie. Tu voulais savoir ce que je penserais d’organiser quelque chose avec cette artiste et toi – tu avais pensé à moi parce que je t’avais ouvert un monde sonore, à elle parce que son travail t’avait particulièrement charmé.

Je me suis souvent demandé, depuis, pourquoi je n’avais plus de tes nouvelles. Avais-tu été accaparé par d’autres projets ? La compositrice en question avait-elle décliné l’invitation ? C’est Amélie qui, ce matin, par hasard, m’a appris la terrible nouvelle de l’accident, qui remonte à juillet dernier. Nous avions échangé plusieurs fois entre temps, mais elle pensait que je savais.

Je n’aimerais pas être celui ou celle qui conduisait cette voiture – je t’imagine sur ton vélo, tu portais sans doute une marinière, je me demande si tu avais un casque, si tu fredonnais. Je ne voudrais pas avoir interrompu une vie, encore moins une vie qui, comme la tienne, illuminait à ce point celle des autres, une vie de générosité, de curiosité, d’enthousiasme contagieux.

Je te revois courir sous la pluie dans le parc de Carantilly pour inviter les rares promeur-ses à la performance de Marianne, je les vois se réunir autour des brioches sur les tables pliantes, je me rappelle combien Marianne, Amélie, Antoine, Annah et moi étions admiratif-ves que tu aies réussi à les convaincre de se serrer sous nos parapluies. Ton énergie nous a toujours fasciné-es.

Je vais faire comme si Amélie ne m’avait rien dit, je vais continuer d’attendre ton coup de fil – moi, j’ai perdu ton numéro le jour où on m’a volé mon téléphone à Bruxelles, alors j’attends, mon cher Pascal.

Je t’embrasse très fort

ici, tu es auprès de Claire, Emmanuelle, Aude et moi

ici, avec Elise, Marianne, Dominique, Claire et Cindy

Late Junction 2

Encore une bonne raison de remercier Jennifer Lucy Allan : hier soir, on a pu entendre un titre de Gym Douce sur la BBC, au milieu d’une tracklist assez prestigieuse. C’était dans Late Junction. L’émission est disponible à la réécoute pendant 29 jours.

La Bouche #2

Merci à Candice et Lila pour leur invitation et pour nos échanges à Radio Campus Grenoble. Il en est ressorti le deuxième épisode d’une émission à laquelle je souhaite de beaux jours. On peut l’écouter ici. Le terme que mes hôtesses ont employé pour me qualifier, celui de diggeuse, est sans aucun doute celui qui décrit le mieux mon activité principale des trente dernières années : je l’adopte.

I <3 foulques macroules

J’ai commencé plusieurs séries de photos, dont une consacrée aux oiseaux d’eau (comme chaque année). Aujourd’hui, j’ai envie de partager quelques images de foulques prises ces derniers jours, respectivement, de haut en bas, sur le canal de la Deûle (juste avant la sortie d’Haubourdin, quand Lille approche et que mon ventre se noue, cette foulque m’a offert hier un petit numéro de surf dont je la remercie encore), sur le canal de la Souchez (avec un bébé beau à tomber), sur le canal d’Aire, sur le canal de Seclin et de nouveau sur le canal de la Souchez – vous aurez deviné que l’un de mes sous-thèmes du printemps est le nid flottant de foulque. Ces oiseaux sont assez fascinants, ce sont des bâtisseurs solitaires (contrairement aux grèbes, qui, comme je l’ai observé, construisent leur nid en couple), des querelleurs et presque d’aussi bons surfeurs que les gallinules. Ils sont infatigables.